
Publié aujourd’hui au Journal Officiel, l’arrêté fixant la liste des amphibiens et des reptiles protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection marque finalement une avancée en faveur de la protection de la biodiversité. Mis en consultation publique en novembre 2019, le texte n’avait pas connu de mise à jour depuis 2007. La version en consultation avait alors choqué le monde naturaliste tant les ajustements proposés étaient marginaux au regard de la multiplication des cris d’alarme des scientifiques sur l’effondrement de la biodiversité auquel les reptiles et amphibiens n’échappent pas. Après 14 ans d’alerte sur les carences et erreurs du texte de 2007, une forte mobilisation collective aux côtés de la Société Herpétologique de France a permis d’attirer l’attention du ministère de la Transition Écologique. Le collectif d’associations se félicite qu’un dialogue constructif ait pu être engagé et débouche à la protection de toutes les espèces de serpents.
Le texte publié interdit de tuer ou maltraiter l’ensemble des serpents dont les vipères, espèces en déclin et vulnérables. Toute personne outrepassant cette interdiction s’expose à 2 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.Cela signifie également que leurs milieux de vie sont également préservés et qu’il faut désormais les prendre en compte dans l’aménagement de nos territoires.
Pour des raisons administratives que les associations regrettent, la Grenouille rousse et la Grenouille verte ne bénéficient toujours pas de protection intégrale. Leur pêche, à des fins commerciales ou non suivant l’espèce, fragilise leur viabilité sur le long terme mais aussi celle d’espèces voisines avec lesquelles le risque de confusion est élevé alors même que certaines sont fortement menacées.
Les associations resteront vigilantes. Elles attendent les conclusions de l'étude en cours sur l’exploitation commerciale de la Grenouille rousse, notamment en Bourgogne-Franche-Comté. Elles pressent aussi le ministère de la Transition Écologique de conduire l’étude juridique convenue sur la cohérence entre les dispositions réglementaires encadrant la pêche des Grenouilles rousses et vertes et un statut de protection plus fort de ces espèces. Dans cette double optique, elles appellent les Préfets à ne pas publier d’arrêté préfectoral autorisant leur pêche.
Laurent Barthe, président de la Société Herpétologique de France (SHF) : « La SHF est enfin entendue et je m’en réjouis. La publication de ce texte et la protection intégrale des vipères est une victoire pour toutes les personnes qui se sont mobilisées à leur échelle et que je tiens àremercier. Nous restons toutefois pleinement investis dans la défense des espèces d’amphibiens qui ne bénéficient pas encore de protection cohérente : le contexte sanitaire doit rappeler à chacun la gravité de l’effondrement de la biodiversité et l’impact de l’humain sur les écosystèmes.».
Consulter :
- l'actualité sur le site de SHF ;
- l’arrêté fixant la liste des amphibiens et des reptiles protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection ;
- le communiqué de presse du 22 novembre 2019 exposant les motivations pour la modification du projet d’arrêté ;
- le courrier adressé à la Ministre de la Transition écologique et solidaire le 20 novembre 2019 ;
- les résultats de la consultation publique du projet d’arrêté en novembre/décembre 2019 ;
- des photos des espèces concernées.
Le ministère de la transition écologique et solidaire (MTES) s’apprête à mettre à jour l’arrêté fixant la liste des amphibiens et des reptiles protégés en France métropolitaine. Pour le moment, le texte soumis à consultation publique nous interpelle pour deux de nos espèces de vipères : la Vipère aspic et la Vipère péliade. Leurs habitats sont protégés mais malheureusement « la destruction des spécimens reste possible pour des raisons de sécurité ».
Ce statut de protection partielle est tout à fait insuffisant et illégitime.
L’effondrement des populations de ces espèces est avéré dans les régions où des suivis à long terme existent. Par exemple, en dix ans les effectifs de Vipère péliade ont régressé de 40% en Normandie, (Barrioz et al. 2019). Leur protection intégrale est indispensable tant pour être prises en compte dans les études réglementaires (études d’impact, loi sur l’eau…), que pour renforcer les actions de conservation ou de sensibilisation. Angleterre, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Espagne et Portugal… nos voisins européens l’ont bien compris. La France fait aujourd’hui figure d’exception européenne en n’accordant à ces vipères qu’un statut de protection partielle. Rappelons aussi que le nombre de morsures de vipères en France est faible (<300/an) et les cas de mortalité sont anecdotiques en comparaison aux piqures d’abeilles, de guêpes ou de frelon. Il n’y a pas eu de mort en France par morsure de vipère depuis 2013, et ce dernier cas fait suite à une manipulation de spécimen en public. La meilleure attitude à adopter face à une vipère reste encore de lui laisser prendre la fuite.
Dans le contexte actuel de déclin massif de la biodiversité et d’effondrement de la faune et de la flore, légitimer de la sorte la destruction d’une espèce menacée est une aberration. La consultation est ouverte jusqu’au 1er décembre 2019 : prenez le temps de demander la modification du texte pour inscrire ces deux espèces à l’article 2 de l’arrêté (protection intégrale) en cliquant ici.